Le président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), Luc Vachon, a rencontré aujourd’hui l’équipe du ministre des Finances, Éric Girard, pour faire part de ses préoccupations sur la consultation en cours, notamment sur la proposition de repousser l’âge minimal d’admissibilité au Régime des rentes du Québec (RRQ) de 60 à 62 ans, puis potentiellement 65 ans.
Pour la CSD, il s’agit dans tous les cas d’une mauvaise option. En plus de ne pas se révéler comme une réponse efficace pour retenir les travailleurs et travailleuses sur le marché du travail passé 60 ans, une telle proposition vient pénaliser inutilement ceux et celles qui doivent cesser de travailler ou réduire leur temps de travail. Il faut conserver la possibilité pour ces personnes de prendre leur retraite et préconiser l’utilisation de mesures incitatives pour encourager celles et ceux qui le peuvent à demeurer au travail
« Il y a déjà des mesures qui ont été prises en 2016 pour pénaliser les prestataires qui prenaient leurs rentes avant 65 ans et qui bonifiaient celles de ceux qui le font après 65 ans. Ces mesures fonctionnent déjà : le nombre de personnes reportant la prise de leur rente après 60 ans a pratiquement doublé depuis l’introduction de ces mesures incitatives. C’est la preuve que ça fonctionne », résume Luc Vachon, président de la CSD.
Une mesure qui va impacter davantage les personnes à faibles revenus
Pour la CSD, hausser l’âge d’admissibilité au RRQ viendrait davantage impacter les personnes à faibles revenus qui ne disposent que très rarement d’un régime de retraite autre que celui provenant du public. L’organisation syndicale rappelle que ce sont souvent ces mêmes personnes qui ont occupé des emplois plus difficiles et qui doivent réduire ou cesser de travailler à 60 ans.
« Actuellement, 48 % des travailleuses et travailleurs ne possèdent aucun régime de retraite autre que les rentes versées par l’État. Pour celles et ceux qui gagnent moins de 30 000 $ par année, cette proportion passe à 80 %. Hausser l’âge d’admissibilité à 62 ans viendrait retirer un filet social qui ne ferait qu’accroître les inégalités sociales », ajoute M. Vachon.
La CSD rappelle la responsabilité collective d’un régime de retraite universel qui soutient les travailleuses et les travailleurs qui cessent de travailler et qui prend en compte les réalités des personnes en leur offrant des choix à l’aube de la retraite.
« Les propositions qui sont sur la table nous semblent plus être un instrument pour répondre aux besoins de main-d’œuvre que des enjeux réels visant le RRQ. Les incitatifs positifs pour demeurer à l’emploi fonctionnent déjà. Repousser l’âge de la retraite n’empêchera pas une personne de prendre sa retraite à 60 ans, si elle n’a plus la capacité de le faire, par contre, cela contribuerait à la précarité d’une marge importante des nouvelles personnes retraitées », explique Luc Vachon.
Des points intéressants qui méritent d’être étudiés
La CSD relève tout de même des propositions intéressantes qui méritent d’être étudiées, comme le crédit de gain pour période avec enfants à charge, invalidité et pour proches aidants et aidantes, ou encore la protection du niveau de rente à compter de 65 ans.
« Nous ne pouvons qu’être en accord avec le principe de ne pas pénaliser la rente de celles et ceux qui ont des enfants à charge, sont invalides ou encore qui comme personne proche aidante. Il en est de même pour la protection du niveau de rente des personnes de plus de 65 ans qui sont toujours sur le marché du travail. Toutefois, des études approfondies de l’impact financier de telles mesures doivent être faites pour éviter qu’elles ne viennent pénaliser les revenus de retraite de ces travailleuses et travailleurs », conclut le président de la CSD.