Dans le cadre de la Journée mondiale pour le travail décent, le 7 octobre, les organisations syndicales associées à l’Alliance sociale ont produit une réflexion sur l’état de la syndicalisation en 2013. Vous trouvez ici-bas quelques extraits de la publication et la version complète en format JPG est au bas de cette page.
Le mouvement syndical sous attaque!
Les attaques envers le mouvement syndical se font de plus en plus virulentes. Depuis quelque temps, les lois antisyndicales se multiplient.
- Des lois spéciales du gouvernement fédéral sont venues mettre fin aux grèves d’Air Canada et de
Postes Canada, au seul motif qu’elles pourraient nuire à l’économie. Le même scénario s’est produit
au Québec dans l’industrie de la construction. - Prétextant le besoin d’accroître la transparence syndicale, un projet de loi fédéral (C-377) vise en
fait à forcer tous les syndicats locaux du Canada à divulguer publiquement les moindres détails de
leurs finances. - Un autre projet de loi privé (C-525) viendrait ajouter une étape obligatoire – un vote à scrutin secret – dans le processus de syndicalisation des salariés régis par le Code canadien du travail et
faciliterait la dissolution d’un syndicat existant. - Des députés conservateurs, certains candidats de la Coalition Avenir Québec (CAQ) et plusieurs commentateurs de la droite manifestent leur enthousiasme à l’égard de lois américaines, dites Right-to-Work (droit au travail), qui réduisent considérablement la capacité des travailleuses et des travailleurs de s’organiser collectivement, de défendre leurs droits et d’obtenir de bonnes conditions de travail.
Ces actions ne sont pas anodines. Le discours de ceux qui les appuient est bien rodé. Il tend à créer une distinction entre les intérêts des syndicats et ceux de leurs membres, à présenter les syndicats comme des groupes d’intérêts particuliers, rigides et bureaucratiques. L’objectif : rendre suspectes les façons de faire des organisations syndicales, miner leur crédibilité, même auprès de leurs propres membres.
Les syndicats, ces empêcheurs de « profiter » en rond
Pourquoi les conservateurs et une certaine élite économique veulent-ils en finir avec les syndicats ? Parce qu’ils les empêchent de transformer la société et le monde du travail selon leurs désirs.
- Les syndicats ne sont pas compatibles avec une stratégie de développement économique basée sur
la réduction des coûts salariaux. - Grâce à leur indépendance financière et politique et à leur capacité de mobilisation, les organisations
syndicales peuvent diffuser un contre-discours et mener des actions en opposition directe avec les
politiques antisociales
Le gouvernement conservateur s’attaque aux syndicats, après avoir muselé les scientifiques, particulièrement ceux du domaine de l’environnement et des statistiques sociales, et dressé une liste des « fonctionnaires ennemis ». Avec son parti pris antitravailleurs et son attachement à l’industrie d’extraction pétrolière et minière, le gouvernement Harper cherche à tout prix à rendre le Canada plus compétitif. L’atteinte de cet objectif implique, selon lui, une réduction des coûts liés à la main-d’œuvre, aux programmes sociaux et aux réglementations environnementales. Cette conception du développement est aussi partagée par une certaine élite économique qui ne jure que par la déréglementation, la libéralisation et a perpétuation du mythe du self-made-man.
Pourtant, il existe une meilleure stratégie de développement économique qui consiste à créer des activités à forte valeur ajoutée. Cette stratégie s’appuie sur une main-d’œuvre bien formée et productive, et des infrastructures sociales favorisant l’innovation. Ce dynamisme économique est compatible avec une forte présence syndicale, comme en témoigne l’exemple des premiers de classe économique que sont l’Allemagne, la Suède et le Danemark.
Colloque intersyndical sur le travail décent et le rôle des syndicats – programme
Le 7 octobre 2013, Hôtel Delta à Québec.
8 h Inscription
9 h 30 Ouverture et mise en contexte – Jacques Létourneau, président de la CSN et François Vaudreuil, président de la CSD
10 h Table ronde 1 – Qu’est-ce qu’un emploi et un travail de qualité?
Paul-André Lapointe, professeur au Département des relations industrielles, Université Laval
Comment définir la qualité du travail, comment celle-ci a-t-elle évolué au Québec et quelle est la distinction entre les milieux syndiqués et non syndiqués?
Louis-Philippe Savoie, recherchiste et ex-président FEUQ
Les étudiantes et le travail, quelles sont les conditions de travail et les contraintes liées à la conciliation études-famille?
Martine D’Amours, professeure au Département des relations industrielles, Université Laval
Dans l’univers du travail atypique : quels sont les conditions de travail, le rapport à l’emploi et les formes de regroupements possibles?
Loïc Malhaire, doctorant, militant au Centre des travailleurs et travailleuses immigrants
La réalité du travail pour les personnes immigrantes permanentes ou temporaires
11 h 30 Période de questions et commentaires
12 h Dîner sur place
13 h Présentation des débats à venir — Louise Chabot, présidente de la CSQ
13 h 15 Table ronde 2 – La modération des coûts salariaux : la seule voie possible?
Éric Pineault, professeur au Département de sociologie, UQÀM
La modération salariale dans un contexte de financiarisation du capitalisme international… quelles répliques du mouvement ouvrier?
Marc Lavoie, professeur au Département d’économie, Université d’Ottawa
Pour une reprise économique appuyée sur une relance de la croissance salariale
Dalia Gesualdi-Fecteau, professeure au Département des sciences juridiques, UQÀM
La modération des coûts salariaux comme ADN de la détérioration des droits du travail et des programmes de sécurité sociale (chômage, travailleurs migrants et Code du travail)
14 h 15Période de questions et commentaires
14 h 45 Pause
15 h Débat : le travail décent est-il possible sans organisation syndicale?
Pour favoriser le travail décent : le modèle américain des relations de travail est-il souhaitable pour le Québec? Le modèle du soi-disant « right to work » et ses conséquences
Pierre-Antoine Harvey, économiste, Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Youri Chassin, économiste, Institut économique de Montréal (IEDM)
16 h 30 Période de questions et commentaires
17 h Clôture — Daniel Boyer, secrétaire général de la FTQ