Le 7 octobre, c’est la Journée mondiale pour le travail décent qui se déroule cette année sous le thème « Changer les règles du jeu ». Ainsi, les associations de travailleuses et de travailleurs du monde entier souhaitent mettre en lumière les injustices fortement ancrées dans le système économique mondial. Ces injustices se conjuguent, dans bien des pays, avec la réduction de l’espace démocratique et la détérioration des droits des travailleuses et des travailleurs.
Quelques jours après les élections québécoises, nous rappelons au nouveau gouvernement qu’il doit désormais réaliser son engagement de favoriser la multiplication des « emplois à 25, 30 ou 40 $ l’heure au Québec ». La recette pour concrétiser cette promesse n’est pas encore révélée, mais elle ne peut passer par la voie du sabrage des droits ni par l’affaiblissement des institutions et des mécanismes de gouvernance du monde du travail.
Il est impératif que son engagement en faveur d’emplois bien rémunérés inclue aussi les emplois au salaire minimum. Pour leur permettre de vivre dans la dignité, il faut que les centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs au salaire minimum obtiennent 15 $ l’heure le plus rapidement possible. Cette mesure est l’une des nombreuses solutions pour stimuler l’économie des régions.
En effet, une étude récente de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) a démontré que cette hausse entraînerait un bénéfice énorme pour l’économie du Québec et de ses régions, principalement parce que les gens gagnant le salaire minimum sont à leur tour des consommateurs directs dans leur milieu. Ils peuvent difficilement mettre de l’argent de côté et n’ont tout simplement pas les moyens de chercher des échappatoires fiscales à l’étranger. La hausse de salaire est donc retournée directement dans l’économie locale. Cette hausse de revenu disponible compense plus qu’abondamment les pertes d’emploi qui sont prévues par les modèles économétriques. Rappelons que ces dernières sont bien moindres que ce que les prophètes de malheur prédisent.
Qui plus est, nous invitons le nouveau gouvernement, qui se dit préoccupé par le sort des familles, à améliorer encore les dispositions législatives permettant une meilleure conciliation famille-travail. Pour pouvoir jongler avec les diverses obligations envers leurs enfants et leurs parents, et ce, sans sacrifier leur sécurité financière, les personnes salariées doivent pouvoir bénéficier de dix jours de congé payé pour cause de maladie ou pour raisons familiales. La dernière réforme des normes du travail n’en prévoit que deux. De plus, elle prévoit que les personnes salariées puissent refuser de travailler si l’horaire n’est pas communiqué avec au minimum cinq jours d’avis. Cette avancée doit être consolidée. Il faut renforcer ce droit de refus et rendre obligatoire la remise de l’horaire de travail au moins cinq jours à l’avance. Le Québec doit s’inspirer des États-Unis où, dans certaines juridictions (Oregon, ville de New York, San Francisco, Seattle, etc.), l’employeur doit non seulement remettre l’horaire à l’avance, mais aussi offrir une compensation financière à la salariée ou au salarié dont il diminue ou augmente le nombre d’heures de travail.
La promesse de changements positifs, que le nouveau gouvernement dit incarner, doit se concrétiser rapidement afin de véritablement améliorer la vie des familles et des travailleuses et travailleurs du Québec.
Luc Vachon, président de la Centrale des syndicats démocratiques
Sonia Éthier, présidente de la Centrale des syndicats du Québec
Virginie Larivière, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté
Jacques Létourneau, président de la Confédération des syndicats nationaux
Mélanie Gauvin, porte-parole du Front de défense des non-syndiqué-e-s
Christian Daigle, président général du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec
Richard Perron, président du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec