*Texte de la Confédération syndicale internationale (CSI) dont est membre la CSD.
Cette année, le prix Nobel de l’économie fait voler en éclats le mythe qui prétend depuis des décennies qu’une augmentation des salaires minimums entraîne une réduction des emplois.
Le prix a été décerné à David Card, Joshua Angrist et Guido Imbens pour les recherches qu’ils ont menées sur le terrain dans les années 1990 et qui ont démontré de manière empirique que le point de vue des économistes conservateurs, selon lequel une augmentation des salaires minimums s’accompagne d’une diminution des emplois, ne repose pas sur des faits avérés.
La secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow, a déclaré :
Ces lauréats du prix Nobel ont mis en pièces la théorie non prouvée, et pourtant influente, qui affirme que la garantie d’un salaire minimum décent pour les travailleurs va de pair avec des pertes d’emplois.
Les personnes qui propagent depuis des décennies cette théorie chimérique, et les gouvernements et les institutions qui l’imposent sans preuve valable, ou malgré la preuve du contraire, sont responsables de la situation des millions de personnes qui vivent dans la pauvreté.
Ce prix Nobel constitue un véritable réquisitoire contre de nombreux économistes dans le sens où il a fallu une trentaine d’années avant que les faits prééminents l’emportent enfin sur une idée préjudiciable et sans fondement. À un moment où le monde a besoin de recherches scientifiques fondées sur des données probantes pour lutter contre une pandémie mondiale, l’économie a également besoin de s’appuyer sur une analyse factuelle plutôt que de s’en remettre à des supputations idéologiques mal informées sous l’apparence de conseils politiques légitimes.
Il est indispensable de garantir des salaires minimums vitaux, par le biais de processus statutaires ou de la négociation collective, pour mettre fin à la pauvreté, inverser la tendance à la baisse qu’affiche depuis longtemps la part des revenus du travail, accroître la demande et renforcer la base d’une reprise qui repose sur l’emploi, le travail décent et la résilience, dans un monde de plus en plus inégalitaire.