Bilan des 20 ans de l’ALÉNA : Les droits humains doivent avoir préséance sur les droits des multinationales
31 janvier, Mexico – Plus d’une centaine de représentantes et représentants des mouvements syndicaux, écologistes, féministes, paysans et autochtones du Québec, du Mexique, du Canada et des États-Unis ont participé à un forum multisectoriel à Mexico afin de faire le bilan de l’ALÉNA. Le constat est clair : l’ALÉNA n’a pas rempli ses promesses de prospérité pour les travailleuses et travailleurs et la population en général. Les données et les analyses présentées ont plutôt permis de constater que les droits humains, les conditions de vie et de travail de la grande majorité ainsi que les écosystèmes se sont détériorés depuis la signature de l’ALÉNA, alors que les inégalités se sont considérablement creusées, au profit des 1% les plus riches.
Par exemple, le salaire minimum mexicain n’est que de 150$US par mois, plus de trois fois inférieur au prix du panier de consommation de base! Le libre marché renforce le modèle de société patriarcal; l’exploitation des femmes dans les manufactures mexicaines comme chez certains géants du détail au Québec sont des exemples très concrets de cette dynamique. Aux États-Unis, les organisations syndicales et des chercheurs évaluent que l’ALÉNA a entraîné la destruction d’un million d’emplois depuis 20 ans.
Par contre, les « droits » des multinationales et des investisseurs ont été considérablement renforcés par l’ALÉNA, notamment parce que les entreprises étrangères peuvent poursuivre les gouvernements qui adoptent des mesures qui limiteraient leurs profits. C’est le mécanisme qu’utilise l’entreprise Lone Pine, qui poursuit actuellement le gouvernement canadien en raison de l’interdiction permanente de forer pour trouver pétrole ou gaz naturel dans l’estuaire du St-Laurent à la suite d’une évaluation environnementale rigoureuse. Pour Lone Pine, cette décision est « farfelue » et elle exige un dédommagement de 250 millions de dollars.
La déclaration conjointe qui a été adoptée est aussi un appel à l’action sur la question du Partenariat Trans-Pacifique, qui est actuellement en négociation et qui regroupe une douzaine de pays. Comme à l’habitude, la population est tenue à l’écart de ces tractations, qui renforceront les privilèges des grandes entreprises. Pour les participantes et participants au forum, il faut renverser la tendance afin que les droits humains aient préséance sur ces privilèges et mettre de l’avant des modèles de coopération et d’échange basés sur la justice, la solidarité et une véritable protection des écosystèmes.
C’est pourquoi les personnes présentes se sont engagées à approfondir leur collaboration dans le but d’intensifier la lutte contre ce modèle et de promouvoir des voies d’intégration nord-américaine alternatives. Déjà, des dizaines de mobilisations ont lieu un peu partout aujourd’hui en Amérique du Nord pour rejeter le modèle de l’ALENA.
La délégation du Réseau québécois sur l’intégration continentale participe depuis le 28 janvier au forum multisectoriel, qui culminera par une grande marche dans les rues de Mexico. Elle est composée de Pierre-Yves Serinet du RQIC, Alexa Conradi de la Fédération des femmes du Québec, Normand Pépin de la CSD, Nathalie Guay et Julien Laflamme de la CSN, Suzanne Audette du Conseil central du Montréal métropolitain de la CSN, Atïm León de la FTQ, Dominique Bernier des Amis de la Terre, de ATTAC-Québec et du Réseau québécois des groupes écologistes, et Nadja Palomo du Comité pour les droits humains en Amérique latine et de la Coalition québécoise sur les impacts sociaux-environnementaux des transnationales en Amérique latine.
La semaine dernière, il se tenait à Mexico un forum tri-national marquant les 20 ans de l’ALÉNA. Vingt ans après la signature de l’ALÉNA, les organisations syndicales, paysannes, environnementales, de femmes et de Droits humains du Mexique, des États-Unis, du Canada et du Québec, se sont réunies afin de réaliser le bilan des impacts de l’accord sur les droits humains, sociaux, environnementaux, culturels et les droits du travail.
Nous avons publié ici les différentes mises à jour diffusées par le RQIC, nous vous proposons donc un suivi en de cette semaine mouvementée.
Une manifestation populaire a eu lieu le 31 janvier à Mexico pour dénoncer les impacts de 20 ans de libre-échange et s’opposer au Partenariat transpacifique -PTP. Cette manifestation marquait aussi la reprise des travaux du parlement mexicain.
Tandis que cette marche de plusieurs dizaines de milliers de manifestants envahissait le Zocalo de la ville de Mexico, plus de 50 actions ont eu lieu aux quatre coins de l’Amérique du Nord. Voir les photos sur le site Flushtpp.