D’ici quelques jours, il se déroulera une importante consultation publique à l’Assemblée nationale sur la planification de l’immigration des trois prochaines années au Québec. Dans le cadre de cette consultation, les centrales syndicales québécoises unissent leur voix pour défendre une vision commune de l’immigration : une immigration inclusive, qui traite chaque personne immigrante avec dignité, qui protège les droits des personnes salariées, qu’elles soient immigrantes ou non, et qui promeut notre langue commune qu’est le français.
Une immigration inclusive
Selon nous, le Québec doit prioriser l’immigration permanente et réduire le recours à l’immigration temporaire, qui tend à créer des citoyen·nes et des salarié·ées de seconde classe. Il faut travailler avec le gouvernement fédéral afin de s’attaquer en priorité aux nombreux obstacles d’accès à la résidence permanente rencontrés par plusieurs travailleuses et travailleurs migrants temporaires et leurs familles, en particulier ceux et celles admis·es ici dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET). La majorité de ces personnes sont concentrées dans des emplois très exigeants et difficiles, avec peu ou pas de protection de leurs droits au travail, et dans des conditions rendant impossibles l’accès à un statut permanent, même si elles sont ici depuis de nombreuses années.
Également, comme le confirmait le Rapporteur spécial des Nations Unies il y a quelques jours à peine, le permis de travail temporaire « fermé » (lié à un employeur unique) s’apparente au travail forcé puisqu’il prive du droit de changer d’emploi et crée des conditions favorisant les abus. Nous appelons donc à l’abolition de ce type de permis de travail. Le Québec a la capacité de le faire, et doit le revendiquer vigoureusement, auprès du gouvernement fédéral. Il en va de nos engagements internationaux en faveur des droits de la personne et des conventions du travail.
De même, il est urgent de voir à la régularisation des personnes sans statut. Bien que déjà établies ici et intégrées au marché du travail, ces personnes sont toutefois confinées au travail informel, parfois même en entreprise et dans le secteur public, ce qui les rend souvent victimes d’exploitation et d’abus.
En parallèle, la régionalisation de l’immigration demeure toujours un objectif louable, mais qui progresse peu. Les communautés doivent être mieux soutenues pour bien accueillir chaque personne immigrante. La concertation régionale est trop souvent absente tandis que le financement des services publics, du logement et des organismes communautaires doit être haussé et pérennisé.
Un meilleur accès à la francisation
Le Québec doit mettre tout en œuvre pour favoriser l’apprentissage du français pour les personnes nouvellement arrivées. Les ratés de la mise en place de Francisation Québec ne sont pas rassurants. Des milliers d’immigrantes et d’immigrants sont présentement en attente d’une référence en francisation malgré des places disponibles dans les organisations qui offrent des cours. De plus, il est important de souligner que l’accessibilité des cours en francisation est cruciale pour les travailleuses et travailleurs étrangers temporaires (TET) qui doivent s’intégrer rapidement dans les milieux de travail.
Ces cours sont actuellement le chaînon manquant pour assurer un meilleur accès à la francisation des TET. Il faut que les personnes immigrantes puissent être libérées, sans perte de salaire, pour apprendre le français. Les employeurs doivent s’y engager et libérer les personnes immigrantes qu’ils emploient pour leur donner accès à la francisation.
Les engagements humanitaires
La priorité faite à l’immigration économique, dans la détermination des seuils migratoires par le gouvernement du Québec, ne doit pas se faire au détriment des engagements internationaux du Québec envers l’accueil de personnes réfugiées et de leur famille. Même d’un point de vue économique, il est déraisonnable de se priver de l’apport de ces personnes, ou de refroidir l’envie de personnes de migrer au Québec, en restreignant leur capacité à le faire avec leur famille.
Suivant cela, les centrales syndicales enjoignent le gouvernement du Québec à humaniser l’immigration au Québec afin de s’assurer qu’elle soit juste, pleinement inclusive et réussie.
Luc Vachon, président de la CSD
Caroline Senneville, présidente de la CSN
Mario Beauchemin, vice-président de la CSQ
Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ