Montréal, le 1er juin 2016 – Les centrales syndicales, CSD, CSN, CSQ et FTQ, réagissent avec stupeur aux propos du ministre Blais selon qui ceux qui demandent le retrait des mesures coercitives à l’encontre des premiers demandeurs d’aide sociale contenues dans son projet de loi no 70 font preuve d’un « petit peu d’ignorance », y compris les professeurs et chargés de cours universitaires.
« Ça commence à faire du monde dans les rangs des ‘‘un petit peu’’ ignorants. Il ne faut pas oublier qu’à l’exception de certaines franges du patronat, presque tout le monde qui s’est prononcé jusqu’à maintenant a demandé le retrait de la partie II du projet de loi, celle portant sur l’aide sociale. Et les centrales syndicales en font partie », ironise le président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), François Vaudreuil. En effet, présentant le 27 janvier dernier un mémoire conjoint à la Commission de l’économie et du travail, les quatre centrales syndicales québécoises ont dénoncé les mesures de coercition parce qu’elles constituent une violation des droits de la personne et qu’elles ne donnent tout simplement pas les résultats escomptés, ce que même des études gouvernementales démontrent.
« Traiter d’ignorants les gens qui ne sont pas d’accord avec lui, ça frise le mépris, comme si toutes les personnes qui ont émis des critiques à l’endroit de son projet de loi n’avaient pas compris ses ‘‘nobles intentions’’. Au contraire, nous avons très bien compris que, pour le ministre Blais, il y a une catégorie de gens sur laquelle il estime bon de taper parce que ça pourrait lui rapporter du capital politique. Or, la fronde actuelle démontre que c’est de moins en moins vrai », déclare la vice-présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Véronique De Sève.
« Le professeur François Blais écrivait en 2001 dans son livre Un revenu garanti pour tous que les ‘‘politiques de workfare ne font rien pour (…) aider [les prestataires d’aide sociale], au contraire. Elles les forcent à occuper un travail qu’ils ne désirent pas et dans des conditions d’employabilité inférieures à celles des autres travailleurs, ce qui les enferme définitivement dans des statuts de citoyens de second rang’’. Le professeur Blais était-il dans l’ignorance alors que le ministre Blais aurait eu une grande révélation ? », se questionne la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot.
« Si le ministre Blais veut vraiment aider le plus grand nombre de personnes à sortir de l’aide sociale, qu’il regarde donc du côté des mesures qui fonctionnent. Depuis quelques années, le groupe de personnes qui a quitté le plus massivement l’aide sociale, ce sont les familles monoparentales. Et ce sont aussi celles qui ont été le mieux soutenues financièrement parce qu’elles ont bénéficié de l’amélioration des allocations familiales (programme de soutien aux enfants), de même que d’une indexation pleine et entière de leurs prestations. C’est normal, ces familles pouvaient faire autre chose que lutter pour leur survie, notamment s’éduquer », conclut le président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Daniel Boyer.