Il y a un an, en l’espace de quelques jours à peine, les 450 membres du Syndicat démocratique des employés de garage du Saguenay – Lac-Saint-Jean (SDEG) (CSD) se sont retrouvés dans la rue, victimes d’un lock-out brutalement imposé par les concessionnaires d’automobiles de la région, qui avaient pris un soin minutieux à en orchestrer le moindre détail.
La responsabilité pleine et entière de ce conflit de travail repose uniquement sur les épaules des concessionnaires d’automobiles, guidés par leur appétit vorace de profits. Leur décision de recourir au lock-out ne fait, en effet, que refléter fort éloquemment le mépris profond qu’ils témoignent à leurs salariés ainsi que leur volonté de les exploiter toujours davantage si cela leur permet de s’enrichir toujours plus. Ce choix odieux n’était pas et n’a jamais été celui des salariés, ni celui du syndicat qui les représente.
Un an plus tard, le conflit perdure toujours et la décision des concessionnaires d’automobiles reste aussi incompréhensible qu’aux premiers jours, échappant à tout bon sens, à toute logique. D’autant qu’à l’issue de la précédente négociation collective, le SDEG avait obtenu pour ses membres des conditions de travail et de vie décentes, mais cela sans compromettre en aucune façon le fonctionnement des entreprises. L’équilibre était assuré entre les impératifs économiques auxquels devaient répondre les concessionnaires d’automobiles pour assurer leur pérennité, leur profitabilité, et aussi le désir pleinement justifié des travailleuses et des travailleurs de jouir d’un emploi de qualité dans un secteur d’activités commerciales où il ne manque pas de profits.
Alors pourquoi les concessionnaires d’automobiles ont-ils décidé de recourir au lock-out? Pourquoi avoir choisi la voie de l’affrontement? Pourquoi avoir voulu tailler en pièces des conditions de travail qui leur avaient pourtant assuré au cours des années une main-d’œuvre hautement compétente et dévouée ? La seule réponse possible est qu’ils voulaient anéantir le syndicat qui protège l’intégrité des salariés, s’en débarrasser sans autre forme de procès.
Une attaque virulente au droit et à la liberté d’association
Le lock-out qui frappe les membres du SDEG est un bel exemple que les droits fondamentaux des travailleuses et des travailleurs sont loin d’être acquis. C’est une attaque virulente au droit à la liberté d’association, à la libre négociation collective, à la représentation démocratique dans les milieux de travail. Certains pourraient oublier que ces droits ont été le fruit d’âpres combats menés par les travailleuses et les travailleurs, comme vous, solidaires et courageux. Aucun de ces droits ne nous a été octroyé, ni offert sur un plateau d’argent, on les doit aux sacrifices de personnes déterminées, comme vous, à se faire respecter.
Parfois celles et ceux qui bénéficient de ces droits chèrement acquis sans jamais avoir eu à se battre pour les obtenir ont de la difficulté à saisir la signification réelle d’être syndiqué, ainsi que les avantages qu’il y a à se regrouper pour défendre ces droits et améliorer sans cesse les conditions de travail, que l’on ne peut laisser dicter unilatéralement par ceux qui n’ont d’autres fins que leurs propres profits.
Au Saguenay —Lac-Saint-Jean, les concessionnaires d’automobiles ont masqué leur volonté de sabrer les droits des travailleuses, des travailleurs et leurs ambitions d’accroître à tout prix leur marge de profit sous le fallacieux prétexte que le contexte économique les obligeait à définir un nouveau modèle d’affaire. Leurs intentions cachées, c’est de sabrer vos droits.
Concilier les besoins des uns et des autres, par la négociation!
Ni la CSD, ni le SDEG ne se sont jamais opposés à rafraîchir le modèle d’affaire existant dans l’industrie des services automobiles, ni à l’adapter en autant qu’il permette de concilier les objectifs économiques recherchés par les employeurs avec les justes aspirations des travailleuses et des travailleurs d’exercer un emploi de qualité et de bénéficier de conditions de travail décentes. Mais que cela se fasse à l’encontre ou au détriment de nos membres, nous ne l’accepterons jamais.
L’arrogance des demandes que les concessionnaires d’automobiles ont signifié à leurs salariés avant le déclenchement du lock-out, leur entêtement à refuser toute négociation, à se cantonner dans des positions aussi aberrantes que stériles montrent à quel point ils refusent d’assumer la responsabilité aussi bien économique que sociale qui est la leur. Pire cela démontre un modèle d’affaires répressif et dépassé. Au contraire, ce qui s’impose de plus en plus comme un modèle de réussite, c’est d’être en interaction et à l’écoute de ses salariés, ses fournisseurs, ses clients comme demeurer étroitement connectés avec la communauté, avec la région.
Les impacts financiers pour les travailleurs et leurs familles
Quiconque n’a pas vécu un conflit de travail d’une telle intensité ne peut pas imaginer le courage et la détermination dont les membres du SDEG ont fait preuve jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, pour rester debout et refuser d’obtempérer aux diktats de leurs employeurs.
Ils ont dû expliquer à leurs proches les raisons de la lutte qu’ils avaient décidé d’entreprendre, parfois aux prises avec leur incompréhension, voire leur opposition. Privés de salaire, ils ont dû changer leur façon de vivre, abandonné des projets qui leur étaient chers. Ils ont dû faire face à une multitude de stratégies, de tactiques plus odieuses les unes que les autres, concoctées par les concessionnaires d’automobiles, qui n’ont jamais hésité à fouler aux pieds la dignité de leurs salariés. Ils ont tenté de les diviser, mais en vain, ils ont tenté de discréditer les dirigeants du syndicat, mais en vain, ils ne sont pas parvenus à les briser, à les faire rentrer dans le rang.
Depuis un an, les concessionnaires d’automobiles s’entêtent dans leurs positions refusant toute rencontre, tout débat de fond, il est plus que temps qu’ils réfléchissent et acceptent de redéfinir le mandat qu’ils ont donné à leur corporation, avec comme objectif de reprendre leurs activités dans le respect des droits et des conditions de travail que leurs salariés ont acquis au cours des années. Il est temps pour eux de revenir au gros bon sens et d’entreprendre une véritable négociation pour le renouvellement de la convention collective de travail.
Malgré l’épreuve difficile que ses membres vivent depuis un an et les pressions énormes auxquelles le SDEG est quotidiennement soumis, il a réussi contre vents et marées à maintenir un authentique fonctionnement démocratique, l’engagement des membres est libre et ce sont des décisions éclairées qu’ils ont prises tout au long du conflit de travail sans contrainte, sans pression. Tout cela représente déjà beaucoup de batailles gagnées.
La solidarité des lock-outés dans la tempête
Ces femmes et ces hommes ont appris à mieux se connaître, se comprendre, se respecter, se faire confiance. Des amitiés se sont développées sur les lignes de piquetage, elles dureront longtemps, bien après le règlement du conflit. .Ces femmes et ces hommes ont aussi appris la solidarité, appris à la développer, à la cultiver au-delà de toutes leurs différences. La solidarité, ils l’ont vécue au coude à coude au sein de leur syndicat, mais aussi à l’unisson avec les autres syndicats de la région, qu’ils soient affiliés à la CSD ou à une autre centrale syndicale comme avec l’ensemble de la population.
Une autre preuve de cette solidarité, c’est la présence ce matin, à mes côtés, des membres du Conseil de direction de la CSD venus de différentes régions du Québec et de l’ensemble des secteurs d’activité professionnelle apporter au nom des quelque 75 000 membres de la centrale, au SDEG et à ses membres, leur soutien inconditionnel et indéfectible.
Aujourd’hui, nous sommes fiers de constater que dans un monde que l’on dit individualiste, cette solidarité continue de s’exprimer haut et fort, pour donner son sens aux sacrifices auxquels les membres du SDEG ont dû consentir. Il n’y a pas de petit geste de solidarité comme il n’y a pas de décision fortuite, retarder l’achat d’un véhicule neuf ou son entretien chez un concessionnaire autorisé peut faire une différence et faire pencher la balance en faveur de ceux qui se battent pour le respect des décisions démocratiques, en faveur des travailleuses et des travailleurs expérimentés et dévoués.
Pour démontrer qu’après un an de lockout la solidarité à l’égard des 400 travailleuses et travailleurs membres du Syndicat démocratique des employés de garage du Saguenay – Lac-Saint-Jean (CSD) (SDEG) est plus forte que jamais, la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) a tenu une réunion de son conseil de direction exceptionnellement à Chicoutimi, ce matin.
C’est devant plus d’une soixantaine de délégués syndicaux du SDEG et de représentants des regroupements professionnels et régionaux, qui représentent les quelque 72 000 membres de la CSD, que le président de la centrale, François Vaudreuil, a pris la parole.
« L’arrogance des demandes que les concessionnaires d’automobiles ont signifié à leurs salariés avant le déclenchement du lockout, leur entêtement à refuser toute négociation, à se cantonner dans des positions aussi aberrantes que stériles montrent à quel point ils refusent d’assumer la responsabilité aussi bien économique que sociale qui est la leur. Pire, cela démontre un modèle d’affaires répressif et dépassé. »
M. Vaudreuil a également tenu à souligner l’importance de continuer à donner un appui indéfectible à tous les lockoutés. « Aujourd’hui, nous sommes fiers de constater que dans un monde que l’on dit individualiste, cette solidarité continue de s’exprimer haut et fort, pour donner son sens aux sacrifices auxquels les membres du SDEG ont dû consentir. Il n’y a pas de petit gestes de solidarité, retarder l’achat d’un véhicule neuf ou son entretien chez un concessionnaire autorisé peut faire une différence et faire pencher la balance en faveur de ceux qui se battent pour le respect des décisions démocratiques, en faveur des travailleuses et des travailleurs expérimentés et dévoués. »