Avouer son homosexualité en milieu de travail… Il y a souvent, encore aujourd’hui, un prix fort à payer pour ceux qui choisissent de sortir du placard.
Steve Foster en parle en toute connaissance de cause, il avait 15 ans quand il a fait son « coming out », aujourd’hui, il est président du Conseil québécois des gais et lesbiennes. Son profond désir d’aider les autres, d’être à leur service, de défendre leurs droits l’a conduit à assumer cette responsabilité.
« Même si la société québécoise d’aujourd’hui est plus ouverte, plus inclusive, les gens en général se montrent très discrets, voire craintifs, dans leur environnement de travail sur leur orientation sexuelle, peu nombreux sont ceux qui s’affichent ouvertement. Si on n’est pas directement concerné, la discrimination est difficile à percevoir, à identifier, quand elle s’exprime par un petit sourire entendu, un regard désapprobateur, des allusions insidieuses », constate-t-il.
Mais taire son orientation sexuelle, c’est renoncer à une partie de soi, c’est amputer son identité. Comment, face à ce déchirement, s’étonner dès lors que les membres de la communauté GLBT (gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres), qui représentent environ dix pour cent de la population globale, soient en proie au stress, développent un grand nombre de problèmes d’alcoolisme, de toxicomanie et enregistrent un taux élevé de suicide?
« On ne naît pas avec des préjugés, on les acquiert avec les années, c’est environnemental, circonstanciel»
« On ne naît pas avec des préjugés, on les acquiert avec les années, c’est environnemental, circonstanciel, ça dépend de la perception que nous avons de nous et du monde qui nous entoure », considère-t-il en évoquant une anecdote personnelle. Après avoir œuvré pendant une quinzaine d’années dans la mode, il a suivi un cours de coiffure et effectué un stage dans un salon, « je me suis aperçu que je ne pouvais pas être gai et fif dans la même vie, c’était trop, je me suis mis à fuir les amis, les connaissances qui étaient coiffeurs, je l’ai fait inconsciemment sans vraiment le réaliser, ça montre à quel point les préjugés sont terriblement tenaces, ils sont ancrés en nous, ça devient comme une seconde nature », remarque-t-il.
« Dès que quelqu’un est différent, on a tendance à le rejeter, mais pourquoi ça nous dérange autant », questionne-t –il, affirmantaux délégués, que « l’important ce sont les valeurs qui nous guident, qu’on veut transmettre aux gens avec qui on travaille et pour qui on travaille. Quand on défend les valeurs de justice, d’égalité, d’équité, on ne peut pas le faire à échelle variable, en reconnaissant à certains des droits et pas à d’autres. »
Il y a donc un important travail à faire sur nous-mêmes, « car pour être capables d’aider les autres au meilleur de nos compétences, de nos aspirations, il faut être bien avec nous-mêmes. Au lieu de perpétuer les préjugés, il faut s’ouvrir aux autres, accepter leurs différences, chercher à les comprendre. Si on ne le fait pas, nous serons tous perdants, la communauté de travail comme l’employeur, nous aurons tous perdu un peu de nous », déplore-t-il.