par Jacqueline de Bruycker
La notion de diversité est complexe, multidimensionnelle, elle renvoie à l’ensemble des caractéristiques tant personnelles que sociales ou culturelles qui contribuent à construire et à façonner l’identité et la personnalité de chacun d’entre nous. Très souvent, nous ne prenons conscience de cette diversité que lorsqu’une personne perçue comme différente entre dans le groupe, brisant son apparente homogénéité, car nul ne peut nier que chaque être humain est unique.
Dans le cadre d’un grand panel, animé par France Capistran, pdg de Parlimage, les délégués ont été confrontés à différentes facettes de cette diversité qui est devenue une réalité incontournable pour de nombreux milieux de travail. Confrontés aussi aux obstacles que doivent surmonter des femmes et des hommes à cause de leur sexe, de leur âge, de leur origine ethnique, de leur handicap, de leur orientation sexuelle, etc. pour intégrer le marché du travail.
Ce panel réunissant cinq personnes : Claude Séguin, directeur général du CAMO personnes handicapées, Steve Foster, président du Conseil québécois des gais et lesbiennes, Charlotte Mailloux, membre du Comité consultatif 45+, Mamadou Diop, agent de développement au CAMO personnes immigrantes et Christiane Carle, présidente du Comité consultatif pour les femmes.
Pour reprendre un mot d’Albert Jacquard, biologiste et généticien français, qui mène un combat acharné contre les préjugés, « il ne s’agit pas de nier cette différence, ou de prétendre l’oublier, mais d’en tirer parti. Car la vie se nourrit de différences; l’uniformité mène à la mort ».
Mamadou Diop : immigrer c’est quitter un pays et une culture
« L’immigration, c’est un phénomène d’incitation-attraction. Pour que les gens quittent leur pays, leur culture, il faut qu’ils soient incités à partir à cause de conditions économiques ou de la situation politique et pour qu’ils puissent s’installer dans un autre pays, il faut que quelque chose les attire dans ce pays. Ainsi, les immigrants qui choisissent de s’établir au Canada, au Québec en particulier, viennent de pays dans lesquels les conditions économiques sont difficiles et qui sont attirés par notre mode de vie industrialisé. »
L’immigration au Québec : des réfugiés contraints de quitter leur pays
D’entrée de jeu, Mamadou Diop, agent de développement, CAMO personnes immigrantes brosse le portrait de l’immigration au Québec : des réfugiés contraints de quitter leur pays, à cause d’une guerre, d’un contexte politique ou économique qui les briment, des travailleurs qualifiés, des entrepreneurs, des hommes d’affaires et dernière catégorie, celle de la réunification familiale. Chaque groupe affichant des problématiques bien particulières.
Décrypter les codes culturels
Mamadou Diop fait observer que la majorité des immigrants ne connaissent pas toujours les codes culturels utilisés par les Québécois. Il donne en exemple le fait qu’au sortir d’une pharmacie alors que la caissière répond au merci d’un immigrant par un «bienvenue», celui-ci est ébahi et s’interroge pour savoir comment elle a pu deviner qu’il venait d’arriver au Québec. Ou ces deux amis fraîchement débarqués qui interprètent la gentillesse d’une vendeuse comme une marque d’intérêt personnel et qui ont visité plusieurs fois le centre commercial pour savoir lequel des deux était l’objet de cet intérêt. « On est parfois biaisé par la compréhension des notions élémentaires de la culture de base. On envoie un message, mais l’autre le reçoit différemment, il y a, concède-t-il, des dissonances entre la population native et les immigrants quant à l’interprétation de certaines attitudes, de certains gestes. »
La diversité en entreprise
Pour une entreprise d’envergure internationale, la diversité fait partie de ses pratiques, alors qu’une entreprise locale va engager des immigrants parce qu’elle a une obligation contractuelle avec le gouvernement, c’est l’embauche selon la loi, la justice, l’égalité, la question de la diversité est, pour elle, secondaire.
Mamadou Diop déplore que si certains employeurs en région sont prêts à embaucher des travailleurs immigrants, par contre ils ne veulent rien savoir d’intégrer leur famille dans la communauté. « C’était mon objectif d’amener des familles immigrantes à s’installer en région, car ce n’est pas en envoyant quelques immigrants seuls par-ci par-là qu’on va faciliter leur intégration. »
Expliquer les choses simplement
Selon lui, il faut être simple dans la diversité, dire les choses clairement, ne rien compliquer, car si les immigrants sont culturellement différents des membres de la société d’accueil, ils sont semblables aussi. Il faut leur parler, les accompagner, leur faire comprendre comment les choses marchent au Québec. Ne pas perdre de vue non plus qu’il y en a certains qui ne veulent pas rester immigrants toute leur vie, « la diversité ne doit pas durer dans le temps », affirme-t-il.