L’entreprise Filspec, l’une des rares filatures encore en activité au Canada, vient d’être acquise par l’entreprise Textiles Monterey, située à Drummondville, qui était d’ailleurs un client de Filspec. L’entreprise demeure ainsi propriété québécoise et poursuivra ses activités et le maintien de plus de 100 emplois de qualité au Québec.
Cette transaction intervient après que Filspec ait vécu depuis quelque temps des difficultés financières, notamment en raison de la pandémie de Covid-19. Les travailleurs regroupés en coopérative de travailleurs actionnaires (CTA), propriétaires à 44 %, ont également vendu leurs parts dans cette transaction.
Une histoire de relance
Il faut rappeler que Filspec est non seulement l’une des rares filatures de haute spécialité encore en activité au Canada, mais son modèle d’actionnariat était aussi particulier.
La fin des années 90 et le début des années 2000 ont été difficiles pour la filature de Sherbrooke. L’entreprise, qui était alors détenue par Cavalier Textile, se retrouve en situation de faillite en 2004. Les travailleurs, qui voyaient la fin de leurs emplois, ont pris leur avenir en main et, avec l’aide de la Centrale des syndicats démocratiques et d’investisseurs locaux, ont racheté l’usine pour former une CTA. Au départ actionnaire à la hauteur de 17 % des parts de l’entreprise, la CTA a progressivement haussé sa participation jusqu’à la hauteur de 44 %.
Cette sauvegarde par les travailleurs a non seulement permis de sauver à l’époque environ 125 emplois, mais a contribué à relancer l’entreprise durant les 16 dernières années et lui a même permis de prendre de l’expansion sur le marché international. Cela a permis à environ 75 personnes de continuer de travailler jusqu’à leur retraite, en plus de générer de nombreux emplois depuis.
Il s’agit d’une page importante d’histoire qui se tourne avec la fin de l’une des plus belles coopératives de travailleurs actionnaires, mais ce que l’on doit retenir, c’est le succès du modèle. Ces 16 années de succès n’auraient pas été possibles sans la détermination des travailleurs et des travailleuses à prendre leur avenir en main. Nous ne serions pas à parler aujourd’hui de la vente d’une belle entreprise et de la sauvegarde de nombreux emplois. L’histoire se serait terminée en 2004.