La CSD Construction a présenté aujourd’hui son mémoire en réaction au projet de loi 51, modifiant la loi R-20, Loi sur la construction, lors de la commission de l’économie et du travail. Ce projet de loi suscite de vives préoccupations au sein de la CSD Construction, qui estime que les intérêts des travailleuses, des travailleurs et des régions sont négligés au profit de requêtes des associations patronales.
La CSD Construction a démontré avec des recherches fiables et des exemples concrets, dans son mémoire de 75 pages, qu’une réelle augmentation de la productivité ne repose pas que sur les travailleuses et les travailleurs, mais sur une augmentation de la qualification de la main-d’œuvre, une bien meilleure planification des travaux et une plus grande intégration des nouvelles technologies.
Garder les travailleuses et les travailleurs au travail avant tout
De toutes les personnes qui intègrent l’industrie, 56 % des travailleuses la quittent après cinq ans contre 35 % des hommes. La CSD Construction propose des solutions concrètes pour combler les lacunes du projet de loi en matière de rétention de la main-d’œuvre. « Ce qui est le plus urgent et incontournable actuellement, c’est la santé, la sécurité et le bien-être mental et physique de nos travailleuses et nos travailleurs qui quittent l’industrie de façon massive et le projet de loi ne fera qu’augmenter cette tendance. Les mesures présentées exerceront une plus grande une pression sur leurs épaules, les chargeant injustement de résoudre les problèmes de productivité de l’industrie de la construction », explique Carl Dufour, président de la CSD Construction.
Pour garder la main-d’œuvre à l’emploi, la CSD Construction propose notamment de mettre en place des mesures structurantes de formation continue, dans un modèle d’alternance travail-étude, de garantir des conditions de travail sécuritaires, de renforcer les protections contre le harcèlement et de reconnaître des occupations, dont les manœuvres, comme métier. Également, une meilleure planification des travaux permettrait d’hausser le nombre d’heures de travail annuelles d’une grande partie des travailleuses et des travailleurs, une mesure qui aiderait la rétention.
Les travailleuses et les travailleurs ne compenseront pas l’incapacité des employeurs à gérer les chantiers
La CSD Construction croit qu’une meilleure planification et gestion des travaux par les entrepreneurs garantirait une meilleure productivité. « On doit cesser de combler les lacunes de planification et de gestion aux dépens des travailleurs et des métiers. Trop souvent, des erreurs de conceptions, des problèmes de communications visant des modifications et des retards de livraison paralysent les travaux, ce qui crée des dépassements de coûts et des heures de travail perdues. Aussi, des lésions professionnelles pourraient être évitées si les employeurs respectaient leurs obligations. Un travailleur blessé n’augmente pas l’efficacité de son équipe », ajoute le président. Le syndicat soutient également que le gouvernement a son rôle à jouer dans la planification de l’attribution des contrats publics.
Les raccourcis patronaux pour mettre la responsabilité sur les travailleuses et les travailleurs et viser la déréglementation de l’industrie de la construction
L’argument de la polyvalence et les pressions faites par certains groupes ne visent, dans les faits, ni plus ni moins que la quête d’une déréglementation de l’industrie de la construction, et non pas un réel objectif de productivité. « Nous croyons qu’il faut agir avec prudence sur cette tendance à faire un lien absolu entre déréglementation et dynamisme économique. C’est facile de prétendre que ce sont les règles qui freinent la productivité, ça sonne bien aux oreilles et permet de détourner le regard de ce que sont les réels enjeux de l’industrie », cite Luc Vachon, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD).
Priorité régionale à l’embauche : les travailleuses et les travailleurs veulent conserver le pouvoir de la négocier dans leurs conventions collectives
La CSD Construction demande que la priorité régionale à l’embauche, qui garantit la protection des emplois locaux et des économies régionales, en plus de maintenir la qualification de la main-d’œuvre en région, puisse continuer d’être négociée dans les conventions collectives de travail. Carl Dufour déclare : « Nous refusons catégoriquement que les emplois de nos travailleuses et travailleurs des régions soient sacrifiés au profit de considérations économiques. Nous exigeons que les articles du projet de loi interdisant la négociation des clauses de mobilité soient retirés. »
Un mémoire qui reflète les préoccupations du terrain
« Notre approche est nuancée, axée sur la recherche de solutions concrètes pour améliorer notre industrie. Nous espérons que le ministre prêtera attention à nos quelque 40 recommandations. Il est crucial qu’il saisisse la réalité des travailleuses et des travailleurs de la construction et qu’il corrige les lacunes de son projet de loi », conclut Carl Dufour.