La transition écologique : un défi inévitable
L’urgence climatique n’est plus questionnable et il est plus que nécessaire d’agir le plus rapidement possible et avec audace et innovation pour traverser ce défi. Une idée résume bien ce qui doit être accompli : la transition énergétique, soit délaisser les énergies fossiles qui contribuent activement au réchauffement climatique et qui alimentent de nombreuses industries polluantes pour favoriser des sources d’énergie plus propres.
Comment comprendre cette idée de transition ? Il en existe plusieurs définitions. On parle souvent d’un passage d’un état à un autre volontaire, ou non, et réalisé par une somme d’actions, d’innovations et de changements. On fait aussi référence à un changement radical. Et pour plusieurs, le terme transition n’évoque justement pas suffisamment l’intensité des changements en profondeur des systèmes, des modèles et des modes de production requis pour répondre à la crise climatique actuelle.
Car c’est bien un changement radical qui est requis, un changement qui affectera tous les pans de notre société et de nos modes de vie : délaissement presque complet des énergies fossiles, réduction importante de la consommation, encadrement étatique de la pollution, production locale, recyclage massif des déchets, accélération majeure des investissements en transports… et le tout, à court terme !
Quelques définitions:
Développement durable : Fait référence à une forme de développement qui répond aux besoins des générations actuelles sans compromettre ceux des générations futures. Il suppose l’intégration des dimensions sociales, économiques et environnementales.
La résilience : Fait référence à la capacité de s’adapter des sociétés et à réagir à un ensemble de pressions.
La décroissance : Diminution de la production et de la consommation dans l’objectif de diminuer notre impact sur la planète.
Ne pas agir ni prendre au sérieux le défi climatique n’est pas une option. Le consensus international scientifique regroupé autour du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) s’entend qu’il est impératif que nous évitions une hausse de plus de 2 °C, sans quoi des conséquences catastrophiques pourront durablement nous frapper : hausse des océans, réduction de la fertilité des sols, réduction drastique du nombre des espèces animales et végétales… Certains de ces changements sont déjà en train de se produire et entraînent déjà un coût humain important.
L’Accord de Paris
Approuvé en 2015, l’Accord de Paris est le plus ambitieux accord international visant à encadrer les activités industrielles et commerciales des entreprises des pays signataires afin que le réchauffement climatique ne réchauffe pas de plus de 2 °C la température moyenne globale, voire de limiter le réchauffement à 1,5 °C.
Malheureusement, les États-Unis, un des pays les plus pollueurs, ont quitté l’Accord en 2017, provoquant un immense tollé international
Toutefois, il reste essentiel que nous continuons à faire notre part pour réduire notre empreinte écologique.
Les effets de l’absence pendant plusieurs années de politiques encadrantes visant à protéger l’environnement se font déjà sentir. Difficilement envisageable avant la pandémie de la COVID-19, le confinement nous a toutefois démontré que les écosystèmes allaient mieux depuis le ralentissement de l’économie. Le combat contre les changements climatiques n’est donc pas perdu.
Qui plus est, il y a de plus en plus d’initiatives pour trouver des solutions au réchauffement climatique, à la biodiversité menacée ou pour remplacer l’extraction des énergies fossiles… Même le gouvernement de la CAQ, qui n’avait presque rien dans son programme concernant l’environnement, a dû réagir face à la mobilisation de la population en faveur d’une lutte plus sérieuse et structurée aux changements climatiques. Un premier plan d’action en développement durable a été publié en 2019, puis c’est tout le budget 2020 qui sera orienté vers des objectifs de réduction des gaz à effets de serre, de développement d’infrastructures écologiques et de transition énergétique.
Si ces engagements ne sont pas pour le moment suffisant, force est de constater que la question écologique est finalement prise de plus en plus au sérieux. Il n’est plus question de faire du surplace.
Une transition écologique qui prend en compte l’emploi
Au-delà des aspects particuliers comme réduire la surconsommation, renverser la production polluante ou diminuer le niveau d’émissions de gaz à effets de serre (GES), il est impératif de traiter la transition écologique comme un changement systémique. Il faut donc entièrement repenser nos façons de faire et nos façons d’être. En effet, ce sont autant les lois, les technologies, les programmes et les valeurs qui doivent évoluer.
Concrètement, des investissements massifs devront être faits dans les technologies et les secteurs moins polluants ET générateurs d’emplois de qualité. Nous devons repenser la mobilité des individus, le transport et l’utilisation des ressources et la circulation des marchandises, réduire notre dépendance aux produits pétroliers et développer le plein potentiel des énergies renouvelables. Cela qui modifiera significativement les demandes du marché de l’emploi.
Au cours de cette transition énergétique, des emplois tels que nous les connaissons aujourd’hui vont inévitablement changer. Le monde du travail sera bouleversé et le Québec doit trouver une façon viable d’opérer cette transition sans pour autant accentuer les inégalités sociales.
Par exemple, dans le secteur des transports, c’est toute une révolution qui se déroulera avec l’électrification des différents moyens de transport. L’extraction et la transformation des ressources naturelles devront aussi complètement revues pour créer des produits moins polluants et pour produire tout en polluant moins.
Toutefois, ces changements auront des impacts négatifs s’ils ne sont pas adéquatement encadrés. Certains emplois seront en demande, comme les postes d’ingénieurs et d’électrotechniciens, de même que tous ceux participant à la recherche et au développement, mais bien d’autres seront voués à disparaitre. Par exemple, les mécaniciens et les mécaniciennes qui devront de plus en plus réparer des véhicules électriques auront assurément besoin de formation. Mais le risque est encore plus grand pour les individus dont les emplois sont voués à disparaître, comme les emplois de l’industrie du raffinage et de la distribution pétrolière, lesquels risquent d’être les plus touchés par une réduction drastique de notre utilisation des produits pétroliers, ainsi que tous les emplois liés à l’extraction des ressources.
La transition vers des emplois œuvrant dans des industries vertes devra être donc être encadrée avec souci. Pour « déplacer » ces travailleuses et ces travailleurs doté.e.s d’expertise et de qualifications pertinentes, nous devons miser sur la formation continue et les programmes de requalification de la main‑d’œuvre afin d’adapter ces dernières aux modifications du marché du travail.
Des pratiques industrielles et commerciales à revoir
Dans une perspective de transition énergétique et de réduire notre empreinte écologique, renforcer notre économie locale en la diversifiant et en soutenant davantage les initiatives allant dans le sens d’une économie circulaire et carboneutre sera nécessaire. Le commerce actuel se déroule dans un contexte de mondialisation, ce qui fait que beaucoup de nos biens essentiels et nos aliments proviennent d’autre pays. Non seulement cela demande de nombreux transports polluants, mais les normes de production à l’étranger peuvent être bien polluantes que celles du Québec, et ce, sans que nous le sachions. Qui plus est, la crise sanitaire provoquée par la COVID-19 nous a fait prendre conscience de la nécessité de hausser l’autosuffisance pour les besoins de base. Les industries devront ainsi s’adapter et s’approvisionner localement si elles désirent rester viables.
Cette transition écologique doit passer inévitablement par la valorisation des déchets, ce qu’on appelle l’économie circulaire. Rien ne se perd, rien ne se crée : les déchets d’une usine deviennent le produit de base de sa voisine. Ce faisant, les nouveaux déchets produits sont en bien plus faible quantité et sont donc beaucoup moins dommageables pour l’environnement.
Tous les secteurs industriels et commerciaux seront en fait touchés. Pensons seulement à l’agroalimentaire : c’est tant la transformation alimentaire, de la production sans pesticides et sans antibiotiques, avec une gestion saine de l’eau, en passant par la transformation jusqu’à la distribution, qui devra être repensée.
Le secteur de la construction n’y échappera pas non plus. Nous devrons innover afin d’améliorer la capacité énergétique des bâtiments avec des normes écoresponsables. Pour protéger la planète, il ne faut plus passer sous silence l’extraction controversée du sable utilisé dans la fabrication du béton. L’utilisation de matières renouvelables ou recyclées dans nos infrastructures devra être incluse dans un plan de développement durable et dans nos octrois de contrats. L’usage bois devra être optimisé. Ce sont nos façons de construire qui devront évoluer, tout comme les emplois qui y sont rattachés.
La CSD est membre du collectif La planète s’invite au travail. À l’initiative d’Oxfam-Québec, le collectif regroupant plusieurs organisations syndicales et organismes, a pour mission d’exiger que les gouvernements se responsabilisent face à la catastrophe climatique imminente.
La Conférédation syndicale internationale (CSI), à laquelle la CSD est membre, tient aussi une veille d’information pertinente sur les enjeux climatiques et le travail :
C’est en travaillant solidairement que nous pourrons renforcer le tissu social. Le Québec est riche d’un réseau de recherche bien enraciné partout sur son territoire au sein duquel il est possible de planifier et de soutenir la formation, la recherche et l’innovation dans un contexte de transition écologique. Nous avons donc la possibilité de miser sur notre propre expertise afin de nous sensibiliser aux actions nécessaires et d’élaborer les politiques publiques qui permettront de diminuer nos émissions sans accentuer les inégalités sociales. Nous l’avons vu avec la récente pandémie, les choses peuvent changer et elles doivent changer!