Pour un horaire de travail adapté
La conciliation famille-travail-étude (CFTE) comprend l’ensemble des dispositions visant à trouver un équilibre entre différentes contraintes qui empiètent sur notre temps. Alors que la sphère travail fait évidemment référence au travail salarié, la sphère de la famille réfère aux soins accordés aux enfants ou aux parents, ainsi qu’au travail domestique. La sphère des études, finalement, comprend l’ensemble des activités d’apprentissage en milieu académique ou de formation en emploi.
Bien aménager son horaire de travail est tellement devenu important, la difficulté de concilier travail, famille et étude est devenue une des causes majeures de l’actuelle rareté de main-d’œuvre (lien vers cette page) ! En fait foi un récent sondage mené par Emploi-Québec, où on découvre que, toute catégorie d’emploi confondu, les exigences du travail, qui comprennent l’horaire, constituent une barrière aussi importante que le salaire, sinon plus.
La majorité des emplois créés au Canada ne présente plus la relation d’emploi typique, fondée sur la permanence d’emploi, le travail à temps plein, pour un même employeur et dans un lieu précis. On s’attend de la main-d’œuvre à ce qu’elle soit plus flexible. Or, la Loi sur les normes du travail (LNT) protège mal ces relations atypiques d’emploi, notamment sur le plan des horaires de travail. Un ou une salarié.e, surtout ceux et celles qui ne sont pas syndiqué.e.s ou dont les horaires de travail sont mal encadrés, peut difficilement refuser d’effectuer des heures supplémentaires avant d’atteindre le seuil de plus de deux heures au-delà de ses heures habituelles, ou 12 heures si l’horaire de travail n’est pas régulier.
En d’autres termes, pour celles et ceux œuvrant dans un milieu de travail atypique, les pressions sont grandes pour joindre les exigences professionnelles, familiales et de formation. Ces pressions sont encore plus grandes pour les personnes vulnérables ou aux marges du marché de l’emploi. Par vulnérable, on entend les personnes œuvrant dans des milieux professionnels peu payés, atypiques, demandant souvent un bas niveau de qualification et sans couverture syndicale. Quant aux personnes aux marges du marché de l’emploi, pensons entre autres aux personnes immigrantes et aux personnes en transition de l’aide sociale à l’emploi. Les besoins de ces travailleuses et de ces travailleurs sont plus complexes. Or l’organisation du travail atypique étant peu encadrée, ces dernières et ces derniers seraient les premières et les premiers bénéficiaires d’un meilleur encadrement de la CFTE.
Qui plus est, les femmes sont surreprésentées dans ces catégories d’emploi. Et comme les femmes assument encore malheureusement la majeure partie des charges domestiques et familiales, la question de la CFTE est encore plus importante pour ces dernières. Pensons aussi aux mères travailleuses monoparentales. En d’autres mots, les femmes, toujours surreprésentées dans des emplois vulnérables et plus présentes que les hommes dans les marges du marché de l’emploi, sont affectées par une combinaison de plusieurs facteurs qui leur mettent une pression plus importante pour elles que pour les hommes pour concilier divers aspects de leur vie professionnelle, familiale et personnelle. En ce sens, si bonifier la CFTE bénéficiera à l’ensemble de la main‑d’œuvre québécoise, il s’agit avant tout d’un enjeu féministe essentiel à l’atteinte de l’égalité entre travailleuses et travailleurs.
Finalement, le télétravail est vu comme une mesure qui permet de mieux allier les exigences professionnelles et familiales. Toutefois, il aussi possible que le travail envahisse la vie privée des travailleurs et des travailleuses. Des mesures structurantes sont autant nécessaires au bureau qu’en télétravail pour concilier sainement nos différentes responsabilités.
La CSD revendique
La CSD revendique la bonification des mesures de conciliation déjà existante, la mise en place de mécanismes au sein des milieux de travail favorisant la conciliation et l’adaptation des horaires de travail, la sensibilisation accrue auprès des employeurs et l’instauration d’une loi-cadre en matière de CFTE. Elle rejoint en ce sens les revendications de la Coalition pour la conciliation famille-travail-étude, dont elle est membre.